Par Nicole Jobin-Verdoni - 21 décembre 2020
Comment parler de Noël et du Jour de l’An sans parler de traditions.
La bûche de Noël:
L’origine des traditions remonte aux païens qui pour
souligner les changements de saison, dont celui du solstice d’hiver,
apportaient aux dieux des offrandes de leurs récoltes, telles une grosse bûche
qu’ils arrosaient de lait, de miel ou de vin.
Ils allumaient ensuite la bûche afin qu’elle brule du 24 décembre
jusqu’au début janvier. Les cendres
recueillies servaient à enrichir la terre et à fabriquer des remèdes.
C’est ainsi que sous l’influence du christianisme, les pays européens
intégrèrent au Moyen-âge ces coutumes à leurs propres rites. Avec
l’arrivée des poêles sans âtre, cette tradition a
disparu et est réapparu en France au 19e siècle sous la forme d’un
dessert (1834) pour faire référence à la coutume païenne.


Le bas de Noël : cette tradition est issue d’une légende où Saint
Nicholas aurait déposé de l’or chez une famille pauvre alors que des
chaussettes séchaient sur la cheminée.
Encore aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver suspendus ces bas
au-dessus de la cheminée, remplis de petits cadeaux emballés.

La dinde : Cette volaille a remplacé l’oie, oiseau solaire qui est un symbole de prospérité. Ce sont les Espagnols qui ont introduit la dinde en Europe au 16e siècle, en provenance d’Amérique, croyant la rapporter de l’Inde, d’où le nom… Il s’agissait d’un mets exotique dégusté lors de grandes occasions.
La pomme et le sapin : comme
la pomme se conserve bien dans les pays plus froids, c’est dans les pays
germaniques, en particulier en Autriche et en Allemagne, qu’est née la coutume
de décorer les conifères du jardin avec ce fruit autour du 17e siècle. Les pelures servaient à fabriquer des longues guirlandes qui
entouraient les sapins et attiraient les oiseaux. L’arbre couvert de givre créait un effet
féérique sous les rayons du soleil ou de la lune. Les pommes, cuites et préparées avec soin,
étaient aussi servies sous forme de chaussons, de friandises ou de boissons
chaudes. Il semble d’après les
historiens qu’une mauvaise récolte de pommes aurait occasionné le remplacement
par des boules de verre.


Les cadeaux : L’origine des présents remontent aux Rois mages, avec l’Or, la Myrrhe et l’Encens qu’ils ont apporté à l’Enfant Jésus à sa naissance. Cette tradition est devenue populaire au Québec au début du 20e siècle; à cette époque, de plus en plus de notables et de travailleurs avaient les moyens d’offrir des gâteries à ceux qu’ils aimaient.
Le baiser sous le gui : dans l’ancienne Gaulle, cette tradition était courante, car des vertus médicinales et magiques étaient prêtées au gui, symbole d’immortalité; il était alors d’usage d’accueillir les invités en les embrassant sous le gui pour leur porter chance, leur souhaiter de bonnes récoltes, la fécondité ou encore pour éloigner les mauvais sorts.
La messe de Minuit : La tradition de la messe de minuit est née en Israël. À la fin du IVe siècle, un pèlerin de Rome s’est joint à un groupe de chrétiens pour une veillée à Bethléem dans la nuit du 5 janvier – la veille de Noël dans la tradition orientale. La veillée a été suivie d’une retraite aux flambeaux jusqu’à Jérusalem, qui s’est terminée en un rassemblement à l’aube. Quand la basilique Sainte-Marie-Majeure a été construite au Ve siècle, le pape Sixte III a institué une messe de minuit dans la chapelle, une tradition qui s’est répandue aujourd’hui à de nombreux pays chrétiens dans le monde entier.
De nos jours, ces fêtes appellent surtout aux réjouissances,
aux rassemblements familiaux ou d’amis qu’il nous est difficile de voir durant
l’année, car nous sommes occupés par le travail, les enfants, les activités
parascolaires, les distances entre les régions, les vacances à l’étranger…
Voilà donc une période de l’année qui nous permet davantage
de nous arrêter et de profiter de ces moments précieux pour retrouver nos
familles et nos amis.
Les traditions d’antan sont presque oubliées, et laissent la
place à d’autres moments précieux qui laisseront aussi de bons souvenirs. Peut-être certaines traditions sont-elles
demeurées encore aujourd’hui dans vos familles?
Voyons un peu ce qu’étaient ou sont toujours les traditions à travers quelques pays du monde :
Les familles francophones célèbrent Noël la veille au soir.
C’est une fête qui commence en fin de soirée et qui peut durer jusqu’à l’aube,
d’où le nom de “réveillon” qui vient du mot “réveil”. Originaire de France,
cette tradition se retrouve également à la Nouvelle-Orléans.
Les
familles assistent traditionnellement à la messe de minuit avant de rentrer
dîner. Le Père Noël apparaît alors
comme par magie pour distribuer les cadeaux. Une fois les cadeaux ouverts, tout
le monde passe à table pour partager un abondant repas composé de tourtière à
la viande, de purée de pommes de terre, de dinde farcie et de coquilles
Saint-Jacques, le tout suivi d’une
bûche de Noël, de beignes et de sucre à la crème. Pour ceux qui
tiennent encore debout, les festivités peuvent durer jusqu’à l’aube.


Pour les mexicains, le père Noël n’existe pas. La
‘Posada’ est l’événement marquant Noël. Les célébrations de Noël s’étalent sur 9 jours, du 16 au 24 décembre; comme cette population est très religieuse
et pratiquante, les familles vont de porte en porte montrant des images de Marie
et Joseph dans le but de reconstituer le périple du couple, jadis à la
recherche d’un endroit où donner naissance à leur enfant, Jésus. Le 25
décembre, les enfants cassent une ‘piñata’ remplie de noix, d’oranges et de cannes au sucre. Ce n’est que le 6 janvier que les enfants
laissent une chaussure sous le sapin pour recevoir de l’argent apporté par les
Rois mages.
Durant les fêtes, les boulangeries offrent le Rosca de Reyes, un pain de Noël traditionnel garni de fruits confits. À l’intérieur se trouve une figurine en plastique de l’enfant Jésus, symbolisant un lieu sûr pour la naissance de l’enfant. Chacun coupe alors une tranche de ce pain en espérant ne pas y découvrir la figurine. Celui qui la trouve dans sa tranche doit organiser, pour tous ceux qui sont présents, une fête le 2 février.
En
Norvège :
En Norvège, ce n’est pas le père Noël qui distribue les
cadeaux aux enfants, mais plutôt Tomte,
un gnome portant la barbe, de vieux vêtements, ainsi qu’un chapeau rouge. Cette
créature protégerait les villageois, et en retour, elle ne demanderait qu’à
manger un bol de gruau avec du beurre à la venue de Noël.


En Suède :
Pour les Suédois, les festivités de Noël commencent le 13 décembre, soit le jour de Sainte-Lucie, une célébration religieuse en l’honneur de Lucia, sainte patronne de la lumière. Selon la tradition, l’aînée de la famille doit se lever avant l’aurore, puis se vêtir d’une aube blanche, symbolisant la «Reine de lumière». Chantant «Santa Lucia», l’élue se rend ensuite dans la chambre à coucher de chacun, pour y apporter des gâteries avec l’aide des plus jeunes, et servir le café.
En Ukraine :
Selon une tradition byzantine et le calendrier julien avec
un décalage de 13 jours par rapport à notre calendrier, le Réveillon se tient
le 6 janvier et Noël le 7
janvier. Le souper saint représente
l’événement marquant de Noël. Dès que les enfants
aperçoivent une étoile dans le ciel le soir du réveillon (symbolique du voyage
des Rois mages), la fête commence.
Le mets typique du réveillon, le Kutia, est un pouding sucré, premier des 12 plats
servis lors du souper traditionnel. Les
fêtes se poursuivent jusqu’au 19 janvier.
Une faible population japonaise est chrétienne, l’événement
est purement festif et commercial. Le
père Noël japonais est représenté par l’un des sept dieux
de la chance. Pour ceux qui le
célèbrent, les festivités traditionnelles ressemblent à celles observées en
Amérique du Nord; les gens chantent des
cantiques (en japonais), décorent des sapins et enguirlandent leur demeure de
gui et de houx. La spécialité de Noël est un gâteau
éponge garni de fraises et de crème fouettée.


Une minorité d’Indiens fêtent Noël; Le sapin est remplacé par un manguier ou un
bananier orné de boules de Noël. Le matin de Noël, un citron
est offert au chef de famille, et le repas est servi en plein air.
Le soir, un feu de joie est allumé et le lendemain, des bambous sont décorés avec les petits cadeaux pour les enfants. Généralement, Noël se termine par un grand feu d’artifice.
En Lettonie :
La Lettonie est le pays où serait née la tradition des arbres
de Noël. Selon les archives historiques, l’usage d’un conifère pour la fête de
Noël remonte à 1510, dans la ville de Riga, la capitale de la Lettonie.
Cette période festive représente la renaissance du nouveau
soleil. Durant les 12 jours de
festivités, les Lettons donnent des cadeaux déposés au pied de l’arbre, et en reçoivent.
12 plats composent le menu du Réveillon et l’un d’eux doit être composé de pois chiches, de sauce au lard, de petits pâtés, de choux et de saucissons. D’après la légende, plus vous en mangez, plus l’année qui vient sera bonne.
Bref, les traditions de Noël rassemblent et rassurent. A l’ère du confort absolu, elles rappellent que, à une certaine époque, elles ont servi à apporter de la lumière et de la chaleur dans les foyers durant les longs hivers. Certaines sont encore bien vivantes de nos jours!
Références :
Sélection du Reader’s Digest, Lonely Planet et Journal de Montréal,
publication (2017)